Commençons ce récit par une mise en contexte. Le 19 janvier 2025, notre équipe M18 féminine s'était brillamment qualifiée pour le 5ᵉ tour de la Coupe de France. Deux gros matchs contre St-Égrève et Ensisheim nous avaient permis de terminer 2ᵉ de la poule. Nous avons noté ce jour-là que le 9 février se déroulerait le 5ᵉ tour et que nous aurions toutes nos chances de qualification si nous continuions notre progression. Le tirage est tombé quelques jours plus tard et nous a envoyées à Rixheim pour y affronter les locaux et Paris Amicale Camou. Réservation d’hôtel, organisation du convoi et derniers entraînements de préparation la dernière semaine, et nous voilà prêts pour en découdre.
Nous sommes le 8 février 2025, et voilà nos 12 joueuses, notre coach et nos 10 parents/supporters en route vers l’Alsace. Certains véhicules sont bien animés par des joueuses infatigables et d’autres plus calmes pour engranger un peu de repos supplémentaire. Une fois tout ce monde réparti dans les chambres d’hôtel à l’arrivée, direction le restaurant pour profiter des spécialités locales. Tous ces moments nous permettent de voir que le groupe vit bien et s’entend bien, de bon augure avant d’affronter l’armada de Rixheim le lendemain.
C’est le jour J : petit déj, chanson d’anniversaire pour Elisa et nous voilà partis pour Rixheim. Nous allons jouer les premières et affronter les Rixheimoises, une équipe qui est clairement préparée pour tracer sa route jusqu’aux phases finales. L’échauffement nous permet de conforter nos pressentiments : il va falloir sortir un gros match pour exister dans ce duel. Premier coup de sifflet de l’arbitre : c’est parti ! Le match est plutôt agréable, nous jouons bien et certains points sont accrochés. Les filles sont concentrées et au niveau de l’événement. Mais en face, c’est fort, très fort. Le score défile et nous sommes quand même rapidement devancées. Nous effectuons quelques ajustements et Justine prend le relais de Fanny en 4. Son entrée est bonne, mais rien n’y fait : Rixheim fait toujours la course en tête. Lola tente également d’apporter sa vitesse en prenant la place de Rose, Elisa et Iris essaient de les faire douter au service, c’est peine perdue : 25-14. Le score est dur mais juste : elles sont plus fortes.
Avec un petit coup derrière la tête, on retourne sur le terrain prêtes à en découdre sur le 2ᵉ set. Le deuxième set ressemble au premier, on joue bien. Maëlle B sort de grosses attaques, Maëlle W de grosses récep’, mais la machine de Rixheim est bien huilée. Malgré tout, nous sommes un peu tendues par l’événement et les nerfs sont mis à rude épreuve. Sur un énième raid de Rixheim, ceux de Fanny lâchent un petit peu prise et Justine prend de nouveau le relais en 4. On envoie nos dernières forces dans la bataille, mais la marche est trop haute. 25-16, score à nouveau dur mais juste. La tension redescend et quelques larmes se dessinent chez certaines joueuses. À ce moment de la journée, c’est malgré tout la frustration qui prend le plus de place chez les filles. Dans ma tête de coach, c’est un poil différent : nous avons quand même montré de belles choses et si nous arrivons à contenir la tension, nous aurons toutes nos chances contre l’équipe parisienne.
Le deuxième match de la journée commence et c’est depuis les tribunes que nous assistons au deuxième récital de Rixheim. Pas de doute, le match Paris/Caluire sera le match de la 2ᵉ place, et celles qui gagneront le duel accompagneront Rixheim au prochain tour. 25-10 pour Rixheim dès le premier set contre Paris. Mais le plus important pour nous ne se passe pas sur le terrain, c’est dans les tribunes. Les filles se détendent petit à petit et les sourires commencent à apparaître. Le deuxième set prend la même direction. Nous prenons la direction du vestiaire pour la causerie d’avant-match avant la fin du match. Exit les filles stressées et frustrées du premier match, les 12 filles sont prêtes pour le match de la qualification. Même Fanny prend la parole dans les vestiaires, tous les signaux sont au vert. Nous sortons du vestiaire pour la balle de match : 25-16, les filles de Rixheim seront solidement premières à l’issue de la journée.
Quarante minutes plus tard, après avoir gagné le tirage au sort, nous envoyons nos 7 filles habituelles sur le terrain. Tout de suite, Paris comprend que nous sommes là pour gagner. Nous jouons bien, très bien. Tout y est : réceptions, relances, passes, attaques… Même les points perdus montrent que nous sommes conquérantes. Nous acceptons nos erreurs rapidement et nous concentrons sur le point suivant dès qu’il le faut. Les séries de Paris sont rares, les nôtres sont régulières. À l’image de Zoée, nous agressons nos adversaires dès le service et prenons rapidement de l’avance. Si, quelquefois, Paris nous fait vaciller, Maëlle B enfile son costume de machine et rappelle à tout le monde pourquoi nous sommes ici : gagner. Vingt-deux minutes après le coup de sifflet, nous empochons le premier set 25-16.
Nous renvoyons la même équipe pour le deuxième set. Amandine remarque avec un poil de crainte que Paris a envoyé sa plus grande bloqueuse sur sa ligne. Sûrement que le coach de Paris voulait canaliser le jeu de notre numéro 7. Le deuxième set démarre à l’image du premier et tout le monde prend du plaisir. Sur le terrain, nous jouons bien et dans les tribunes, c’est agréable à regarder. Trois rotations plus tard, Amandine arrive en ligne avant. L’affrontement entre les deux centrales va pouvoir commencer. Rapidement, cet affrontement se transforme en show. À droite, à gauche, par-dessus, Amandine balade sa grande adversaire et lui fait tourner la tête. À ce moment-là du match, tous les feux sont verts, nous sommes plus fortes que Paris.
Mais à 13/11 pour nous, Lili se dirige derrière la ligne de service… et là, c’est le drame. Notre capitaine s’écroule après un semblant de service, cheville touchée. On regarde dans les tribunes, mais aucun sniper caché : Lili s’est bel et bien blessée toute seule. Chloé prend donc le relais à 14/11. Si elle assure bien, cette blessure nous a chamboulées et nous n’arrivons plus à déployer notre jeu. Les tensions reviennent et nous jouons trop crispées. Il n’en fallait pas plus à Paris pour revenir dans la course. Anne-So intervient pour straper la cheville de Lili et nous comprenons qu’elle va pouvoir retourner au combat. Elle revient sur le terrain à 21-18 pour Paris, mais l’écart est trop grand. Nous nous inclinons 25-21. Encore une fois, notre qualification va se jouer au tie-break.
L’entame du tie-break est dure, nous n’y sommes pas. Je ne sais pas si c’est la pression de la qualif ou le traumatisme de la blessure de Lili, mais nous sommes rapidement menées 4/0. Ce n’est pas possible, temps mort. Le ton monte un petit peu et les filles se remobilisent. Nous sommes mal embarquées, mais nous avons une arme : bandeau bien vissé sur la tête, Maëlle B prend ses responsabilités en bout de filet : 4/1, service Maëlle.
Si nous avions encore un doute sur la MVP de la journée à ce moment-là, notre artilleuse décide de mettre tout le monde d’accord. Trois gros services et nous voici revenues à 4/4. La peur a changé de camp et c’est Paris qui prend cette fois le temps mort. On ne déconcentre pas si facilement notre serveuse et nous continuons notre série. 9/4 pour nous, Paris ne sait plus quoi faire et prend son dernier temps mort. Un peu plus efficace celui-là, car Maëlle sert dans le fil. Pas de quoi nous déstabiliser, la route vers la victoire s’ouvre petit à petit.
13/8 pour nous, c’est le moment de sortir notre dernière arme secrète. Iris rentre pour servir. Rose, qui vient de sortir, nous l’annonce : Iris va finir le match. Premier service gagnant, Iris y retourne pour servir la balle de match.
Après un très bon service, les Parisiennes renvoient tant bien que mal la relance sur Lili. Le temps s’arrête : est-ce que c’est vraiment Lili, notre capitaine, qui quelques minutes plus tôt avait une cheville inutilisable, qui va avoir l’attaque de la victoire ?
Bien évidemment, Amandine lui fait une passe parfaite. Petite diag ! Petit regard à la caméra, bien avant sa touche on savait, c’était écrit. Nous l’avons fait, et très bien fait : nous irons au 6ᵉ tour de la Coupe de France M18 !!
Nous pouvons savourer : certaines victoires sont plus belles que d’autres. Pour parfaire cette belle journée, les bénévoles de Rixheim nous attendaient avec un excellent buffet que nous avons accompagné d’un gâteau d’anniversaire pour Elisa.
Tout simplement incroyable, merci à tous ❤️ !